Parcours BiographiqueForteresse volante noxienne : Dan'Shora
Dan'Shora, forteresse militaire, productrice de vaisseaux de défense, réputée pour avoir subit plusieurs attaques Xoïdes et s'en être sortie sans trop de dégâts. La vérité est autre bien sûr, elle est tout sauf indestructible, mais a une telle force de tir que dans un combat, elle pourrait faire pencher la balance. On dit qu'elle a autrefois servi à attaquer les humains; c'était une possibilité, mais il était plus probable qu'elle ait juste produit des vaisseaux pour la Flotte. Aujourd'hui elle continue sur sa lancée, créée des armes et vaisseaux défensifs. Mais cette technologie est bien inférieure à la puissance humaine.
Qu'y a-t-il de mal à ne pas avoir la puissance technologique? Certains chamans pensent que si la paix venait à faiblir, les humains, connus pour leur paranoïa, auraient la capacité de renverser la flotte noxienne. Pourquoi cela viendrait-il à se produire? Ils vous répondraient qu'on n'est jamais trop sûr. Malgré les relations solides, certains ne sont pas prêt à prendre ce risque...
La salle d'entraînement était assez peuplée aujourd'hui; 127 personnes s'entraînaient en rythme, et en silence. Oui, malgré le nombre de gens, on ne pouvait entendre que le souffle léger et concentré, et les pas posés doucement sur les tapis d'entraînement. Alekaan regardait droit devant elle, suivant les mouvements qu'elle connaissait par coeur. Elle contrôlait avec aise son souffle, son pouls battant dans ses paumes alors qu'elle les leva avant de jeter un coup élégant dans le vide devant elle. 126 personnes firent le même mouvement, tous soufflant en même temps. C'était un instant hypnotique, agréable et paisible. Pas de pensées gênantes, pas de conversations futiles, pas de regards à la dérobée. Tous se concentraient sur le mouvement. Soudainement elle sentit quelqu'un approcher derrière elle; il entra dans sa vision lorsqu'il se trouvait à hauteur de la personne derrière elle. Elle regarda du coin de l'oeil, le voyant approcher à hauteur de sa propre épaule. Alekaan le connaissait, mais n'avait aucunement envie de se faire déranger... Trop tard. Il posa sa main sur son épaule et elle perdit totalement sa concentration. Elle se tourna vers lui, les yeux glaçant.
Il fit signe de le suivre, ne disant rien de crainte de gêner les autres qui s'entraînaient. Elle le fit, marchant discrètement jusqu'à la porte de sortie; ramassant ses chaussures, elle suivit l'autre dans le couloir. Il la laissa mettre ses chaussure et dit enfin : "Ta mère te demande."
Elle regarda un autre individu passer à côté, se sentant soudainement profondément agacée. Il la faisait quitter l'entraînement juste pour lui dire ça? Mais elle goûta aussi l'amertume, comprenant que cela devait être important.
Alekaan avait vécu et grandit dans cette forteresse depuis sa naissance, et travaillait régulièrement dans l'usine intérieure spécialisée dans l'assemblage des armes. Elle était bonne élève, et avait apprit avec brillance le métier. Elle connaissait le coeur de ces armes, savait tout d'elles, et découvrait aussi petit à petit comment les améliorer. Elle était un ingénieur de base, mais il y en avait déjà de très compétents en place, alors pour le moment elle faisait de l'assemblage, et ajoutait les améliorations qu'elle pouvait, dessinant pendant son temps libre les plans d'engins perfectionnés qu'elle donnait ensuite à d'autres ingénieurs pour qu'ils en parlent à leurs supérieurs. Ce n'était pas difficile de se fondre dans la masse, faire comme si elle n'était qu'un ouvrier comme un autre. Le labeur n'était pas un grand problème, au contraire, il lui permettait de réfléchir à comment trouver des solutions plus rapides et efficaces. Elle faisait tout dans les règles, travaillait de longues heures, profitait de son temps libre pour pratiquer le Dalaar... Alors pourquoi la faisait-on passer outre l'entraînement? Qu'avait-elle fait pour mériter cette variation?
Elle se redressa, remercia froidement le messager et dirigea ses pas vers son quartier d'habitation. Dans la forteresse, bien qu'elle était immense, on avait une tendance minimaliste. Les zones d'habitations étaient larges mais pouvaient contenir un maximum d'appartements, tous petits mais avec tout le nécessaire pour survivre. Quelques parcs étaient aménagés pour pouvoir quitter les rues étroites des quartiers, mais il n'y avait rien de plus grand que nécessaire. Pourquoi cet aménagement scrupuleux? Pour laisser place aux usines et aux hangars où l'on mettait et réparait les véhicules, où l'on assemblait les armes et où on perfectionnait par tous les moyens l'armement. Ce n'était pas un trait noxien connu, cette envie d'amélioration, mais depuis quelques décennies, étant toujours en autarcie par rapport aux autres forteresses, les chamanes avaient décidé qu'il était préférable de se préparer - il fallait trouver de meilleures méthodes pour anéantir les vagues Xoïdes, pour se protéger de leurs attaques mortelles et d'extraire de leurs carcasses les précieux cristaux qui alimentaient les vaisseaux de défense. Alekaan était satisfaite à l'idée de progrès et de domination par la puissance de leur armement, la crainte d'une attaque humaine était assez présente dans la pensée de quelques chamanes, la guerre ne pouvant être oubliée si facilement.
Alors cela vint comme une grande surprise lorsqu'Alekaan ouvrit la porte de chez elle pour trouver un chamane. A le regarder, on pouvait immédiatement savoir qu'il en était un; ces cheveux sombres et ses tatouages vifs, innombrables sur les parties visibles de sa peau. Il était grand, à l'allure imposante et aux yeux de couleur jaune. Il la contempla avec un vague sourire - le coeur de la jeune nox se serra. Que faisait ce chamane ici? Lorsqu'elle arriva enfin à détourner son regard de l'élément perturbateur, elle vit sa mère, avec un sourire figé affiché sur son visage. Cela ne pouvait rien présager de bon.
"Brom'Geth, Alekaan. Peux-tu venir t'asseoir?" Dit-il calmement, sa voix douce bien que grave.
Sa mère lui donna un regard encourageant et elle le fit, sentant son coeur battre dans ses typans. Elle avait envie de retourner à l'entraînement, n'écouter que le souffle des autres présent, que le battement de son propre pouls, et ne pas avoir à supporter le regard du chamane. Autant qu'elle les admirait, elle en était terrifiée. Leur aura émanait une puissance impressionnante, digne et forte. Ils étaient les liens spirituels avec les divinités, ils avaient des visions, et ils interprétaient la volonté sacrée... Comment un seul être pouvait-il supporter tout cela?
"Détends-toi. Je viens te proposer un travail très important, comme je le propose à tous nos ingénieurs prometteurs."
Elle se figea. Comment pouvait-il savoir qu'elle était une ingénieure prometteuse? Elle donnait toujours ses plans à d'autres ingénieurs pour qu'ils fassent passer l'idée; elle ne pensait pas que cela pouvait remonter à elle.
"Quel genre de travail?" Demanda-t-elle d'une petite voix.
"Le genre qui lancera notre forteresse dans une nouvelle ère d'armement. Comme tu dois déjà le savoir, les humains ont, depuis bien plus longtemps que nous, développé des armes, et les ont perfectionné au fil du temps. Nous avons prit contact avec quelques humains en charge des usines d'assemblage... Une petite partie de ceux-là ont accepté d'accueillir des ouvriers et quelques ingénieurs. Comme tu peux l'imaginer, ils ne laisseront personne s'approcher de plans viables, qui pourraient nous informer de la création, et les ingénieurs auront un accès limité... Mais toi, tu n'es pas connue pour être un ingénieur, pour eux comme pour nous tu n'es qu'une ouvrière... Nous voulons que tu y ailles en temps que telle. Tu auras accès aux armes elles-mêmes, et pourras déchiffrer leur fonctionnement."
"Mais... Et si je n'en suis pas capable?"
Il croisa ses mains sur son genoux avec un sourire, sa jambe croisée élégamment, son visage affichant un sourire doux et compatissant.
"Je ne dirais pas que cela est impossible... Mais il faut un peu d'optimisme. Tu en tireras quelque chose, j'en suis certain."
Elle avala inconfortablement. Insinuait-il que si elle n'y arrivait pas, elle devrait continuer coûte que coûte?
"Combien de temps vais-je travailler pour les humains?"
"Le temps qu'il faudra."
Oui en effet sa crainte venait de se justifier. Elle devait réussir avant de pouvoir revenir parmi les siens. Mais... Travailler aux côtés des humains? L'idée la fit soudainement frissonner et elle tenta de cacher le tremblement dans ses mains. Elle aurait préféré être envoyé sur un champ de bataille où sa mort serait certaine que d'aller sur une forteresse humaine. Comment pouvaient-ils lui faire faire ce travail? Puis, aussitôt que l'idée vint elle disparut - Alekaan se résigna. Telle était la volonté des chamanes. Et puis elle ne serait probablement pas la seule noxienne? Et elle aurait toutes les occasions d'en apprendre plus sur la mentalité humaine, comment fonctionnaient leurs ingénieurs, quelle était le but et la puissance de leurs armes... Et les heures de travail humaines étaient beaucoup moins nombreuses que chez les nox, tout le monde savait cela - les humains n'étaient pas endurants et aimaient qu'on fasse le travail à leur place. Une bêtise qui l'aiderait grandement dans ses recherches. Et après tout, elle aurait tout le temps de s'entraîner, pratiquer de Dalaar. Elle rendrait service aux divinités et à sa race. C'était tout ce qui comptait.
On lui laissa deux jours pour se préparer. Il n'y avait pas grand chose à prendre, elle vivait simplement de base. Mais ce temps était aussi nécessaire pour que les chamanes puissent recruter d'autres ingénieurs et ouvriers. Pendant ce temps libre, dispensée de travail à l'usine, Alekaan passa du temps avec sa famille, sa mère et son père ayant droit eux aussi à un congé pour l'occasion. La jeune nox n'était pas connue pour avoir des amis, mais passa aussi voir quelques connaissances lorsque leur temps libre le lui permis.
Une fois tout cela enfin fait, l'heure du départ arriva. Avec son sac sur le dos elle embrassa ses parents, regardant dans leurs yeux et y lisant de la peine mais une certaine fierté; leur fille partait pour le bien de Dan'Shora, et de tous les Noxiens. C'est donc ainsi que, le pas déterminé, elle rejoignit le vaisseau qui allait l'emmener sur Leviathan. Dans le hangar, il y avait d'autres vaisseaux, qui emmenaient les futurs guerriers de Nox pour s'entraîner avec d'autres maîtres sur les autres colonies. Elle les regarda avec une certaine tristesse. Elle aurait voulu être parmi eux, mais les célestes en avaient décidé autrement. Elle ravala donc le sentiment, garda la tête haute, et marcha de façon déterminée vers son avenir.
Leviathan
Alekaan se redressa soudainement lorsque quelqu'un dit : "Voilà la forteresse!"
De suite, comme tous les autres occupants du petit vaisseau, elle se tourna vers l'extérieur, regardant par la petite vitre renforcée. L'espace était sombre dehors, mais là, à contre jour d'une superbe nébuleuse... Le Leviathan. Immense regroupement d'îles formant une forteresse, elle avait l'air à la fois fragile et imposante - mais tous savaient qu'elle n'était pas le cas - elle avait survécu à une forteresse noxienne, cela voulait tout dire. La jeune ingénieure ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain émerveillement pour cette capacité humaine à créer de tels vaisseaux. Certes un humain penserait peut-être la même chose d'une forteresse noxienne, mais l'idée restait là. Ce n'était peut-être pas une création nox, mais elle était néanmoins impressionnante. Son coeur se dressa en elle, battant frénétiquement avec la hâte de voir l'intérieur, de voir de plus près ces technologies humaines qui étaient si étranges pour elle. Il fallait qu'elle en voit plus, qu'elle en apprenne plus...!
Elle fut coupée par un ordre donné du pilote. Elle s'assise et attendit impatiemment qu'ils atterrissent.
Ce ne fut pas si bien qu'elle l'aurait souhaité. Elle s'était attendue à être libre de faire ce qu'elle voulait une fois sur le territoire terrien, comme les parias qui étaient acceptés (du moins c'était ce qu'elle pensait) mais immédiatement un humain les accueillit, et les guida comme de vulgaires touristes dans les zones qu'il souhaitait leur montrer. Alekaan n'était pas intéressée; pourquoi ne pouvait-elle pas voir par ses propres yeux? Décider d'elle-même si cette architecture était satisfaisante ou non? C'est alors que, sortant du hangar, elle découvrit pour la première fois le ciel que voyaient ces humains. L'air était humide, frai, les nuages qui jonchaient le ciel paraissaient si près... Elle n'avait jamais connu le ciel noxien, mais les chamanes parlaient de cela comme si eux-même les avaient vu. Ils disaient que par des visions on leur avait révélé le passé... Pourquoi les humains pouvaient-ils encore voir ce ciel une fois dans leur forteresse. Son coeur se serra et elle sentit une froideur la prendre. Si loin de leur berceau natal ils pouvaient être chez eux... Alekaan ne s'était jamais sentit chez elle dans la forteresse. Elle était immense, certes, mais sombre, vide, tout était minutieusement placé avec un but et une utilité; pas de place pour de jolies choses, pas de place pour l'agréable... Les humains avaient prit tout leur temps pour créer de ciel... Juste pour rappeler aux habitants que oui, la Terre n'était plus, mais que son souvenir était toujours là... Elle suivit à peine les mots du guide qu'elle n'écoutait que d'une oreille. Sa fascination pour ce ciel était incommensurable.
On les guida jusqu'à l'un des trois chamanes de Leviathan. Il les accueillit à bras ouvert, les saluant, et remerciant d'être venus. C'était agréable de voir quelque chose de familier. Ils étaient à présent sous la responsabilité et les ordres des trois chamanes, et vivraient dans des quartiers réservés près de leur lieux de travail. Alekaan apprit aussitôt qu'ils seraient dispersés sur la forteresse... On leur expliqua les règles, mais la jeune nox se sentit déjà vide... Il y avait certes un autre ingénieur dans l'usine où elle travaillerait, mais ils ne seraient jamais en contact - elle devait prendre la place d'une simple ouvrière, et apprit rapidement que les ingénieurs avaient le droit de rentrer lorsqu'ils le souhaitaient, lorsqu'ils avaient recueilli d'informations. L'Enfer venait de s'ouvrir sous les pieds de la jeune fille, mais elle accepta, dénuée d'émotions.
Elle ferait son travail au meilleur de sa capacité, apprendrait à connaître la technologie humaine de l'intérieur, et gagnerait sa liberté, coûte que coûte.